Correspondances

Je viens de terminer ces jours-ci la lecture du recueil de nouvelles et contes de Jules Supervielle, l'Enfant de la Haute Mer.

J'apprécie déjà depuis longtemps la poésie de ce grand écrivain français, et j'ai vraiment pris un plaisir immense devant la qualité limpide de sa prose, à la fois resserrée, élégante, évocative.
Une écriture magnifique. Et de belles histoires.

Alors, par curiosité, je suis allé me documenter, même si je connais un peu sa biographie et j'ai trouvé ça :

Jules Supervielle s'est toujours tenu à l'écart des Surréalistes qui régnaient sur la première moitié du XX^e siècle. Désireux de proposer une poésie plus humaine et de renouer avec le monde, il rejetait l'écriture automatique, que les surréalistes ont eux-mêmes bien vite abandonnée, et la dictature de l'inconscient, sans pour autant renier les acquis de la poésie moderne  depuis BAUDELAIRE, RIMBAUD et  APPOLINAIRE, ainsi que certaines innovations fondamentales du surréalisme.

Attentif à l'univers qui l'entourait comme aux fantômes de son monde intérieur, il a été l'un des premiers à préconiser cette vigilance, ce contrôle que les générations suivantes, s'éloignant du mouvement surréaliste, ont mis à l'honneur.
Il a anticipé les mouvements des années 1945-50, dominés par les puissantes personnalités de René CHAR, Henri MICHAUX, Saint-John PERSE, ou Francis PONGE puis - après la parenthèse avant-gardiste des années 1960-70 - ceux des poètes désireux de créer un nouveau lyrisme et d'introduire une certaine forme de sacré ou, tout au moins, une approche plus modeste des mystères de l'univers, sans remise en cause radicale du langage : Yves BONNEFOY, Edmond JABES, Jacques DUPIN, Eugène GUILLEVIC, Jean GROSJEAN, André FRENAUD, André DU BOUCHET, Jean FOLLAIN pour ne citer qu'eux.

Ses admirateurs ou successeurs spirituels se nomment René-Guy CADOU, Alain BOSQUET, Lionel RAY, Claude ROY, Philippe JACCOTTET, ou encore Jacques REDA.

Sur sa manière, sur son oeuvre, j'ai souligné ce qui me touche. J'y retrouve bien pourquoi je le lis, ce que j'y vois...   

Pour les auteurs, alors, là, c'est la surprise, je me retrouve en pays connu, en territoire poétique déjà arpenté. Les auteurs que j'ai fait apparaître en gras...Je les ai lus, je les lis, ils sont dans mon réseau, ma petite bibliothèque mentale portative... En un jeu de correspondances qui fait que je les apprécie car il y a sans doute - souterraine, implicite - une approche commune que chacun traduit à sa manière.

Je n'avais pas idée de ces liens,  c'est comme si je les avais imaginés, et que là soudain, ils apparaissent.
Cela me donne un sentiment de plénitude et de sérénité, incroyable !