2 Lovers

Le cinéma de James Gray est intéressant et appréciable à divers titres. Cet auteur prend son temps : Little Odessa, The Yards, We own the night et Two Lovers, 4 films en 14 ans...

Il raconte des histoires dont les thèmes tournent beaucoup (essentiellement ?) autour de la loyauté et du "destin" en étant ancré dans la cellule familiale. Les films se déroulent comme couleraient des fleuves très larges et apaisés, mais dont la surface ne saurait dissimuler durablement le bouillonnement et le trouble intérieurs.

Rien n'est évident et forcément très simple dans ces histoires où le dilemme règne, plongeant les personnages dans une perplexité que la difficulté du parcours (les rites des passages) va rendre plus forts sans rien renier des épreuves et des fragilités.

Je crois que c'est la grande sensibilité du cinéaste ainsi que les choix d'acteurs qui font que ce cinéma, qui pourrait sembler anodin ou juste classique, fonctionne très bien. Il nous "parle", il ne cache rien des atermoiements, des interrogations de la vie. Une dimension initiatique très forte.

Dans Two Lovers, très bien porté par Joaquin Phoenix, la trame est plus que classique. Leonard hésite entre une blonde et une brune, entre raison et passion, entre certain et improbable.

Cela pourrait paraître "binaire", de plus il n'y a absolument aucune surprise. On pourrait dire que James Gray et le spectateur sont en permanence en avance sur le héros, Leonard, que joue Phoenix.

Malgré cela, on ne décroche pas durant pratiquement deux heures. On est happé.

Pleine d'humanité, dans des ambiances incertaines tantôt baignées de mélancolie, tantôt traversées de moments joyeux et chaleureux, l'histoire nous renvoie à ces situations où nous aussi - parfois contraints et surtout hésitants - nous faisons des choix qui engagent durablement, qui conditionnent tout un pan de vie (si ce n'est notre vie)... Des choix pour lesquels, vu leur nature, leur absence de "garantie", on s'inquiète forcément. Le doute inextricable n'est jamais loin.