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K2
22 octobre 2007

Roaring Forties - cd

Peter Hammill - solo 1994

R40frontcover

  • Sharply Unclear
    The Gift of Fire
    You Can't Want What You Always Get
    A Headlong Stretch
    Your Tall Ship

Paru après The Noise (1993), que j'ai déjà chroniqué comme disque vraiment pas convaincant, Roaring Forties peut s'apparenter à un retour en forme pour deux raisons me semble-t-il : il vient après THE NOISE donc (!) et il semble marquer un retour aux "fondamentaux" de nature à satisfaire les "aficionados"... Notamment une analogie ou une référence à l'album A BLACK BOX de 1980 car la structure des albums [morceaux courts + suite de 20 minutes]  est proche.
S'il est vrai qu'Hammill a beaucoup expérimenté depuis une bonne douzaine d'années, s'il a créé son label FIE! entre temps au début des années 90, si les albums de 92 et 93 étaient vraiment distincts dans sa production, s'ils venaient à la suite d'albums des années 80 qui avaient déjà chamboulé certains repères pour les "fans", on doit je pense dépasser cette comparaison.
Les 5 titres de RF sont très contrastés. Il y a 2 morceaux plutôt courts (autour de 5 minutes), 2 plus longs (environ 8/9 minutes) et 1 suite de presque 20 minutes.

"Sharply Unclear" est un titre qui s'appuie sur des accords de guitare réminiscents des Beatles (dixit PH lui-même) et c'est une brillante entrée en matière, dynamique. Voix excellente de PH dans un registre qu'il maîtrise à la perfection (colère, menace). Violon avec Gordon, Nic Potter toujours très bien à la basse, Manny Ellias à la batterie, tout ça est très bien en place.
Le morceau est une adresse à quelqu'un dont l'attitude cyniquement intransigeante ne peut que le couper de l'humanité, rendant toute communication ou relation problématique... Jusqu'à l'envisager comme inaccessible et transparent de perfection glacée. Parmi les morceaux courts du cd, une réussite exemplaire.

Ca se gâte derrière, avec "The Gift of Fire (Talk turkey) " qui fait la part belle au sax (David Jackson) et à l'orgue (Simon Clarke) après une intro aux charmes fugaces à base de petits claviers et flûte légèrement percussifs. Pour parler franchement (talk turkey), ce morceau n'est pas passionnant, car finalement très long, et relativement obscur - pour moi-  dans ce qu'il cherche à nous raconter.

"You can't want what you always get..." (possible clin d'oeil cette fois aux Rolling stones ?) démarre sur une intro à la guitare qui a le mérite de mettre les choses au clair. Ce sera un morceau très prévisible, qui recycle un peu des plans rock ou blues-rock au kilomètre. Il se termine par une partie instrumentale sans direction où chacun est loin d'être inspiré... Seule note positive pour moi, l'utilisation des voix qui se "répondent", une spécialité hammilienne qui déçoit rarement. Mais c'est peu. Du remplissage ?  (ô sacrilège !)

"A Headlong Stretch" arrive, longue suite de vingt minutes organisée en 7 sections. Les références affluent bien sûr avec "A Plague of Lighthouse Keepers" et "Flight "puisqu'on sait que PH s'est embarqué sur un morceau long .
Mais cela n'a rien à voir. La thématique récurrente chez Hammill sur le passage du temps, les décisions que l'on prend, la maîtrise de sa propre vie est développée par une métaphore maritime, le bateau sur lequel on embarque.
Si les textes sont une nouvelle fois remarquables, musicalement il y a d'excellentes choses, mais on est loin de la tension permanente de "Plague" ou même de "Flight". Les suites proposent souvent, c'est la loi du genre, une alternance de temps forts (lyrisme, rythme) et de temps faibles (nécessité de lier les sections, temporisation & suspense) et plus doux ( sérénité, confidence, passages acoustiques). C'est le cas ici. Mais j'éprouve un sentiment de dilution par endroits, et la suite ramenée à 15 minutes, sans éléments un peu inutiles ou presque "décoratifs"  aurait eu encore plus belle allure, celle des chefs d'oeuvre.
Malgré ces défauts, cette suite A HEADLONG STRETCH (un étirement mental ? la perception du temps -passé/mémoire/ futur/présent- déroulée sur 20 minutes) est remarquable dans la nouveauté qu'est l'utilisation de la slide guitar dans les sections qui ouvrent et ferment la suite (Up Ahead et Or So I Said). Dans les textes donc. Et dans certaines parties où le romantisme mélancolique de Hammill atteint des sommets de beauté pure et étincelante : je pense à Backwards Man qui est typiquement un morceau que seul le talent de Peter Hammill peut lui permettre de composer et de chanter. Grand, très grand.

 Blessed with strange grace /and reluctant to face /ineluctable fate, /I say I saw the future /I said forget the past  /but I'll not hear the last  /of lives I've never led, /thinking ahead.
 
It's only looking backwards /that you retrace your hand, /it's only in a moment of reversal /that you can see where you stand... /ease out, come through the film and through the mirror /welcome the backwards man.
When it's all done you willed the person you've become / in serious fun it's as you were that you become / and so it's done. 
I saw the future / or so I said.... / How strange they seem, / the lives I've never led, / thinking ahead. 

L'album se termine par "Your Tall Ship" qui poursuit la métaphore maritime en incluant le titre de l'album "Roaring Forties" un jeu de langage entre les 40e rugissants connus des marins et les 40e rugissants pour les quadragénaires. Le 2e morceau court de l'album est aussi une réussite, lyrisme assumé, voix et claviers bien en place.
Un petit regret sur les parties de percussions et batterie pas franchement utiles. Je pense qu'un arrangement piano-claviers aurait permis une mélodie et une rythmique suffisantes qui pouvaient aisément se passer de batterie. Certaines interprétations en concert l'ont montré ultérieurement. Mais c'est du chipotage en fin de compte.
Dans l'esprit, dans le thème et les lyrics (All rites of passage make us strong) c'est un superbe morceau qui conclut fort bien cet album.

roaringcd057

En conclusion, deux morceaux courts (le premier et le dernier) vraiment réussis, deux morceaux plus longs plus nettement à la peine, enfin une suite de 20 minutes qui entretient fort bien la "flamme hammilienne" dans ce registre.  La comparaison avec BLACK BOX ne tient pas vraiment si l'on y regarde de plus près, que ce soit sur la structure et l'interprétation des morceaux notamment car BLACK BOX est intégralement solo, ce qui n'est le cas ici.

1994, un cru intéressant, pas un chef d'oeuvre mais loin, très loin d'être un échec. Un bon disque.

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