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Grosse soirée musicale en ce vendredi 1er décembre à Nantes au Lieu Unique.
2 concerts avec....
Deux ambiances et moments différents que je pourrais qualifier de complémentaires.
Le quartet new-yorkais SEX MOB se définit ainsi :
Le concert permet d'apprécier la belle énergie des 4 musiciens...
Et ça dépote pas mal en effet. Bel enthousiasme, de l'énergie, une musique qui ne s'interdit rien aussi bien dans l'interprétation que dans le style... Le batteur est un touche-à-tout réjouissant n'hésitant pas à sortir des appeaux, à faire des bruits de bouche, à "rayer" ses cymbales avec ses baguettes...
Les sonorités du saxophone sont très originales et le trompettiste qui emmène l'ensemble a la particularité d'utiliser une trompette à coulisse ! Le bassiste m'a paru un peu plus en retrait mais le groupe est toutefois homogène, avec une belle pêche. Le concert est enchaîné, il n'y a pas de pauses ou d'interruptions entre les morceaux. Ils alternent bien mélodique/free, rapide/lent dans des constructions parfois déchiquetées/brisées où des breaks soudains s'intercalent avant des reprises à fond !
Bref, de l'émotion, du plaisir, de l'humour aussi, ce fut un bon moment !
Ensuite, interruption, en attente de la 2e partie...
Là, les choses se radicalisent .
Voilà la présentation proposée à l'entrée de la salle.
Connaissant différentes expériences de John Zorn (Masada par exemple) et ayant écouté plusieurs fois l'album Moonchild ces dernières semaines, il est évident que j'étais préparé !
Zorn n'est pas sur scène mais aux manettes ( il mixe le son - surtout la voix - pendant le concert). Joey Baron est véritablement impressionnant à la batterie par sa puissance et sa finesse, sa très grande précision.Trevor Dunn est littéralement possédé à la basse. On côtoie le hardcore punk en permanence. Et puis, il y a Mike Patton au "chant" ou "à la voix"...Précisons qu'il n'y a aucune parole, aucun mot de prononcé ou chanté. Patton est en réalité un instrument vivant. Poussant des cris rauques ou suraigus, dans une bestialité assumée et maîtrisée, il s'y consacre de tout son corps, ce qui donne une dimension physique exceptionnelle à sa performance.
Car c'est bien de cela qu'il s'agit : pendant un peu plus de 60 minutes, le groupe sur scène va nous proposer de partager et nous faire vivre une expérience musicale extraordinaire d'agressivité, d'intensité. Une véritable performance (à tous points de vue) nécessitant une mise en place époustouflante, millimétrée, ce qui explique qu'ils vont interpréter intégralement l'album Moonchild sans s'en démarquer. Il ne peut y avoir place pour l'a-peu-près ni l'improvisation dans un tel registre.
Extrêmement exigeante en terme de concentration, cette approche vide physiquement les musiciens qui sortent de là complètement épuisés. Le public, lui, peut craindre pour son audition à un moment mais...finalement, ça passe !
Je retiens de cette approche musicale la grande précision, la rigueur de l'interprétation, la complexité et tout particulièrement des compositions qui évoluent en permanence dans leur structure, des lignes qui bougent, des repères "traditionnels" qui ne sont d'aucun secours dans ce cas-là (cf. leur album MOONCHILD).
Très paradoxalement, alors qu'on pourrait croire très superficiellement qu'on n'a affaire qu'à du bruit, il faut plonger dans cette matière en fusion et y découvrir de la subtilité, de l'inventivité et de la rigueur.
Et au bout du compte, une absence TOTALE et PHENOMENALE de concessions et de compromis.
Absolument remarquable.