Les métiers (1)
C’était un bourrelier particulier
Un peu enveloppé
Les bourrelets du bourrelier
Faisaient causer
Les particuliers du quartier
Toujours prêts à s’emballer
Il prenait rarement
des gants avec les clients
et ceux-ci faisaient ceinture
pour leurs exigences de diligence
toujours renouvelée
Il se murmurait tout haut
Qu’il travaillait du chapeau
Même sous son béret ;
Qu’il collectionnait des photos
Qui le montraient au boulot
Et qu’il appelait « Les instants tannés »
Il avait repris la boutique,
héritage d’un tonton
Surnommé « le roi du harnais »
vu son doigté unique,
Et perpétuait la tradition
Que son oncle incarnait.
Il était un peu incompris
N’était pas à l’abri
De viles moqueries
On l’appelait Banane
Ou pire Peau d’âne
Avec son cuir inférieur à l’âne normal
Un jour on le perdit de vue.
Une semaine après qu’il avait disparu,
On le retrouva pendu
Devant son idéal :
le palais du facteur Cheval.
(texte publié initialement sur SABIRS - atelier d'écriture OULIPIEN)