5e session du diptyque, un bilan
Le diptyque d'Akynou fonctionne en deux parties à chaque session : un texte de départ auquel il faut associer une photo ou un dessin et, en sens inverse, une photo pour laquelle il faut proposer un texte. Les sessions s'étalent sur 5 semaines.
Mes précédentes participations, que je n'ai pas exactement en mémoire, étaient plutôt centrées sur l'image point de départ pour aller vers un texte. Cette fois-ci j'ai participé à l'intégralité du jeu. Après avoir pensé - un court moment - reproduire le schéma précédent, je me suis ravisé et je me suis donc lancé dans les deux parties à chaque session.
J'en ai profité pour me donner une petite contrainte supplémentaire : chacune de mes publications devait avoir un titre tiré d'un texte ou titre de chanson de Joni Mitchell, règle que j'ai respectée pour 9 des 10 participations... avec un oubli, en fait !
Ne me demandez pas comment cette contrainte m'a traversé l'esprit, ni pourquoi, je ne sais pas ! (En dehors du fait que ma cédéthèque est plus que copieusement garnie des albums de cette immense artiste...)
Ces choses étant dites, je vais maintenant commenter chacun des "exercices de style" que j'ai composé. Sans donner toutes les clés, je vais indiquer comment j'ai procédé, et citer intégralement toutes mes sources.
Vous pouvez retrouver l'ensemble des textes et photos publiés dans la catégorie du blog ici.
session 1 texte : I've looked at life from both sides now (extrait de la chanson Both Sides Now- album du même titre 2000)
J'ai pensé tout de suite "mais qui regarde qui ?" puis dupliqué l'image initiale pour un montage en "effet miroir". J'ai ensuite écrit un texte plein de questions pour illustrer cette interrogation et, allant jusqu'au bout, j'ai même mis le texte en miroir pour boucler la boucle ! Comme dans la plupart des cas, j'ai choisi le titre à la fin.
session 1 image : Sans titre ? (l'oubli c'est celui-là !)
Pour illustrer le texte traitant du rapport à l'écrit, j'ai eu l'idée de piocher dans mon étagère, j'ai demandé à ma fille de prendre la photo où je "lis" en lui expliquant le cadrage. Je me suis rendu compte d'un effet de mise en abyme avec la couverture du livre dans un 2e temps, rien de délibéré !
session 2 texte : Let your little light shine (extrait de la chanson Shine - album du même titre 2007)
J'ai laissé venir les choses progressivement pour celle-ci. J'ai eu des fragments qui sont venus, je voulais jouer sur l'opposition dedans /dehors, avec l'attitude intériorisée révélée par le visage de cette fille se trouvant pourtant à l'extérieur. Je l'ai vue en train de rêver pour échapper au poids du mode de vie urbain, finalement je me suis dit que peut-être essayait-elle de s'envoler, de s'échapper, de chercher quelque chose... A un moment, j'ai pensé qu'elle voulait absolument éviter de reconnaître quelqu'un, peut-être un petit ami lourd et encombrant, mais je n'ai pas donné suite ! Je n'ai pas voulu mélanger les registres non plus ( rêve / humour) pour ne pas désarmorcer.
session 2 image : Aging children, I am one (extrait de la chanson Songs to aging children come - album Clouds - 1969)
Le texte proposé m'a renvoyé immédiatement à l'enfance, ce qui m'a conduit à rechercher très rapidement cette célèbre photo de Willy Ronis. J'ai complété avec un montage suggérant l'éloignement par les transports en commun. J'ai été relativement vite sur ce coup sans avoir à chercher de multiples pistes...
session 3 texte : Shadows and Light (titre de l'album live Shadows and Light - 1980 / chanson originelle sur l'album The Hissing of Summer Lawns 1975)
Ceci m'a laissé longuement perplexe. Rien de rien ne se dessinait. J'ai d'abord listé systématiquement ce que l'on voyait, les noms, les couleurs, les formes. L'arrangement me faisait-il penser à quelque chose ? Pas davantage. Le côté étrange (de mon point de vue) est celui que j'ai retenu et m'est apparue alors l'idée de rituel. J'ai ensuite brodé en deux trois temps de travail une affaire criminelle de profileur, pseudo-affaire que j'ai traitée volontairement par l'absurde, histoire de détendre l'atmosphère et de changer de registre aussi !
session 3 image : How do you stop ? (titre d'une chanson parue sur l'album Turbulent Indigo 1994)
Le texte évoquait la vitesse, dont j'ai pris le contrepied pour créer un décalage, ce qui m'a fait penser à un escargot, ensuite à une tortue, j'ai cherché dans les banques d'images sur le net, j'y ai trouvé l'escargot et la tortue ! Et l'idée d'un montage m'est venue pour provoquer un petit effet de contraste. Une production rapide.
session 4 texte : Playing for a hat full of nothing (extrait de la chanson For Free tirée de l'album Ladies of the canyon 1970)
C'est allé très vite pour ce cow-boy, le temps de mettre tout en forme. Le texte a été écrit
avec le film « Crazy Heart » (avec Jeff Bridges) clairement en tête dès
le départ, l'idée m'est venue immédiatement. Ce film évoque la vie d’un
chanteur country vieillissant qui est sur la route, en tournée
dans des bars de seconde zone. J'ai cité trois lignes d'une chanson provenant directement
du film, elles sont chantées par Robert Duvall dans une magnifique scène
porteuse d'espoir où
tous les deux pêchent dans une barque. L'idée directrice était de montrer que malgré l'abattement des soirées, chaque jour est un nouveau jour avec son lot d'espoir. Avec l'idée cachée quelque part du rêve américain ?
session 4 image : Like the color when the spring is born (extrait de la chanson Little Green tirée de l'album Blue - 1971)
A partir du texte, il était assez évident que j'allais puiser une ou plusieurs photos réalisées récemment dans notre jardin, ce qui fut fait et que vous pourrez consulter voir dans ces pages ici.
session 5 texte : Out of hand (extrait de la chanson If I had a Heart tirée de l'album Shine 2007)
Le texte que j'ai laissé mûrir le plus. J'étais parti sur l'opposition main/pied. Quelques expressions connues contenant le mot pied et le mot main me sont venues à l'esprit. Je les ai notées et peu à peu complétées. Mais ça n'avançait pas. Il me manquait un fil conducteur pour lier tout cela, l'inscrire dans un petit scénario. La photo, la photo, qu'est-ce que je vais faire avec ? Je n'étais pas très chaud pour faire un truc sur l'été et le farniente, un peu trop téléphoné. M'est venue après trois-quatre jours l'idée du reportage journalistique chez un mec genre sous-commandant Marcos, ne révélant jamais son visage, ce qui expliquait le pied. Je tenais mon scénario, le pourquoi de la photo et j'ai peaufiné le tout sur ce dernier week-end par petits blocs que j'ai ensuite ordonnés. Encore une fois je n'ai pu résister à incorporer quelques clins d'oeil absurdes. Incorrigible ?
session 5 image : Lunch Break (extrait de la chanson Court and Spark - 1973)
un montage de photos de nos différents pique-niques.
conclusion
Grand grand merci à Akynou pour cet atelier d'écriture, un gros boulot qu'il faut apprécier à sa juste valeur. Et quel plaisir et quelle surprise de voir les images, lire les textes des autres participants (après, bien sûr !) avec leurs options, leur sensibilité, leur style... Jolie diversité ! Voilà de quoi passer des moments partagés et plus que sympathiques !