1er avril

Lorsque j'étais encore en formation, la formation en question durait 3 ans... ce qui était bien long. Et fatalement l'ennui pointait, guère éloigné du désoeuvrement qui peut comme chacun sait devenir la source de graves exactions. Comment s'occuper ?

Nous étions trois à nous être auto-spécialisés dans une sorte de "Brigade du Temps à Tuer" qui avait comme principale mission de trouver toute activité susceptible de sortir un peu de ce cercle peu motivant. Souvent, pourquoi le cacher,  activité rimait avec connerie, ce qui prouve au passage que ce n'était pas si évident que ça.

Oui, pas toujours facile, mais il fallait bien avoir une idée par jour. En général, la première proposition qui émergeait était acceptée sine die. On finissait par être tolérant, si ce n'est peu regardant, n'est-il pas ? Mais il fallait aussi être capable d'exploiter habilement les circonstances : je me rappelle que nous avons reçu un jour un représentant qui nous a présenté des Tshirts, et qui cherchait les responsables du foyer socio-éducatif pour fourguer des articles publicitaires. On était disponible, alors on s'est occupé de lui. Par contre il n'a pas vendu grand chose...

Bref, vous l'aurez compris, dans cette situation, il nous fallait aussi - immanquablement- nous appuyer sur le calendrier qui parfois est d'un précieux secours. D'où ce souvenir d'un premier avril...passablement potache.

On avait préparé notre coup, la veille, en allant au marché acheter un poisson chacun, qu'on a ensuite "greffé" sur un kway pour le lendemain. On a attaqué notre journée comme d'hab : au troquet pour boire un café et...évidemment, équipés de pied en cap, avec poissons dans le dos. Très habilement, nous faisions mine de n'avoir rien remarqué.

Ni senti.

On a ensuite ainsi assisté aux cours toute la matinée, en feignant ne pas comprendre certains regards ou sourires, et on a tenu jusqu'à trois heures de l'après-midi, un bel exploit en vérité parce que bon sang ça fouettait vraiment.

Nous avons déposé les armes surtout parce que nos collègues nous ont supplié de nous défaire de ces saloperies, du genre "message reçu les gars, vous nous avez bien fait marrer, mais quand même ...ça pue, on n'en peut plus".

Voilà, ce fut un beau premier avril, je ne me souviens pas vraiment avoir re-tenté un mauvais coup de ce genre par la suite. Sûrement dommage...

Comments

[K]

ta d loi du cine > effectivement, on n'a jamais aussi efficacement illustré l'adjectif pestilentiel !

[ta d loi du cine]

Rire!
J'imagine le parfum "Poisson"... (dehors!)