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K2
5 juillet 2008

Tri sélectif

Ingrid Betancourt est libre.

 

Réjouissons-nous simplement et pleinement. Je pense à elle, à sa famille, à ses proches et amis, au soulagement et aux larmes de joie. Ingrid Betancourt est libre.

 

Certes. Mais est-elle si libre que ça ?

Que l'information passe, que la bonne nouvelle arrive, c'est bien. Qu'elle comporte un aspect symbolique au regard des notions de paix et des questions de liberté, c'est très bien. Que des remerciements soient prononcés, c'est bien normal. Qu'une pensée s'adresse à tous ceux qui sont encore privés de liberté, bravo.

 

En principe ça doit tenir aux alentours de 5 minutes de déclaration aux infos, non ? Alors pourquoi n'en reste-t-on pas là, strictement

 

On en vient à se dire qu'une liberté a été retrouvée mais qu'elle est déjà entamée... parce qu'on repère mal dans le "défilé médiatique" la marge de manoeuvre réelle de la personne Ingrid Betancourt, c'est-à-dire l'individu en dehors de toute considération de rôle, de statut, de fonction...

 

Elle est une personne qui va sans doute avoir des choses à dépasser, des choses à reconstruire. C'est vraiment ce qui me questionne et m'échappe avec ce retour... à la liberté.

 

"Dépasser" ce drame de l'attente, le désespoir, les hauts et les bas forcément, cette expérience douloureuse, à haut risque et à l'issue plus qu'incertaine... Avec tout ce que cela suppose de personnel, ancré au plus profond d'elle-même au point qu'elle ne pourra jamais exactement le "partager" avec quiconque...même proche, intime, lié. Tout ceci me semble relever du privé, pas de l'exposition.

Oui, aujourd'hui, je me demande quelle est sa marge de manoeuvre. Que choisit-elle et que lui demande-t-on ? Quelle possibilité est la sienne d'avoir droit au respect et à la pudeur qu'elle mérite ? Ne peut-on lui octroyer un peu de tranquillité au vu de ce qu'elle a enduré ? A moins qu'elle fasse partie de ceux qui se reconstruisent dans l'action sans passer par la case "incertitude" et "dépression"... sans contrecoup...

Finalement, c'est comme si,  aujourd'hui qu'elle est libre, avoir été otage signifiait qu'elle ne s'appartient plus et ne s'appartiendra plus jamais, et de façon irrémédiable.

Comme si, dans tous les cas, d'une situation ou d'un système à un autre, de toute manière, il y avait une rançon à payer.

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Commentaires
K
Anne > Tout à fait. La liberté est un droit. Son "exercice" contient bien des limites, ne serait-ce parce qu'on n'est pas tout seul et que l'on a aussi des devoirs... Je suis pour le concept de liberté construite !!!<br /> Raphaëlle > Et je suis sûr que beaucoup d'autres ont cette perception que nous partageons - comme tu dis , décidément ;)
R
C'est sur qu'à sa place, je crois que j'aurai juste voulu rentrer chez moi, retrouver mes proches, me faire dorloter/chouchouter, sans qu'on soit tous à la une entrain de se caliner. Je suis heureuse pour elle, mais j'avoue que ça me gonfle un peu toute cette couverture médiatique. Je me sens voyeuse (bien malgré moi) et je n'aime pas ça. <br /> Bref, je pense tout comme toi (décidément)
A
Il y a toujours une rançon, oui, bien sûr...<br /> <br /> Même quand on vit des choses moins dramatiques.<br /> <br /> La liberté est toute relative, donc. Et fonction d'où on vient, on ne la vit pas, on ne l'utilise pas, on ne se (re)construit pas de la même façon...
K2
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