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K2
25 février 2008

Patience - cd

Peter Hammill - solo - 1983

patience_d_finitif

Toujours sur la lancée du K Group, après l'album ENTER K -1982, paraît PATIENCE. Et l'épopée continue. Avec 8 morceaux : sans faiblir, sans trembler. Toujours cette énergie juvénile, cette fraîcheur, cette pêche et, éternel recommencement avec Hammill, un terrain étrangement familier certes, mais différent, renouvelé et surtout typique ou singulier.

Quoi de plus avec cet album ?
Les mélodies me semblent plus "fortes", plus abouties. Hammill semble avoir toutes les clés en main pour agencer son propos comme il l'entend sur des compositions exécutées par un groupe qui "envoie sec et serré".

Au bout de quelques écoutes, on va ainsi dépasser un sentiment initial de simple poursuite ou prolongement de Enter K.
Les morceaux vont alors déposer une trace indélébile dans nos mémoires.

Emerge alors, pour ce qui me concerne, la certitude qu'on tient là un album dense, cohérent, rigoureux comme si Hammill avait touché le Graal, le point d'équilibre d'une formidable adéquation entre musique /paroles /chant / instrumentation /production /recherche / accessibilité ...

Et si l'on se penche sur les chansons, elles regorgent de richesses qu'on ne pensait pas voir tenir dans de tels formats.  Densité, cohésion. Rythmiques infernales, incroyables, transitions et collages improbables, en tout cas insoupçonnés ou imprévisibles, les thèmes sont impressionnants.

  1. "Labour of Love"
  2. "Film Noir"
  3. "Just Good Friends"
  4. "Jeunesse Dorée"
  5. "Traintime"
  6. "Now More Than Ever"
  7. "Comfortable"
  8. "Patient"

Labour of Love illustre à plein le talent de Hammill dans l'art du contraste. Le saxophone de Jackon vient découper les dernières certitudes de l'auditeur sur un possible apaisement, en diffusant une intranquillité sans confort.
Ce qui donne un morceau d'une beauté à couper le souffle. Une chanson d'amour "hammillienne" dans toute sa noblesse et sa splendeur. Un de mes préférés de toute la carrière de PH. 
Film noir   est un morceau rock très structuré,avec une alternance couplet -refrain à laquelle Hammill se tient, ce qui n'est pas si habituel ! Et ça dépote, et ça tourne. Une réussite complète, car les lyrics -évidemment- haussent le niveau pour donner une idée très précise de rock-music intelligente...
Just Good Friends est une très belle ballade qui calme le jeu au risque de ne pas trouver sa place dans l'album... ce n'est pas mon morceau préféré, loin de là, même si c'est une très très belle chanson, dont l'atmosphère mélancolique est admirablement rendue par le chant de Hammill.
Jeunesse Dorée sur un thème politique (les jeunes votent avec leurs pieds !) reprend les choses musicalement où Film Noir les avait laissées. Superbes guitares. Enlevé, et un final réussi et saisissant qui s'arrête net. Cut !
Traintime vient ensuite et enchaîne avec un crescendo dans la tension, à partir d'une rythmique qui démarre avec des signaux en morse. C'est un morceau extraordinaire, devenu un moment sublime dans les concerts. Inépuisable avec des lyrics fantastico-borgesiens sur l'espace-temps qui contribuent à son côté mythique et labyrinthique.

Along the tracks the wires are humming
in bursts of code like far-off drums.
Fathering the message:
further up the line someone's shouting
down the passage of time.

Difficile d'exister derrière un tel morceau ?
- Objection votre Honneur !
Et ça repart avec Now More Than Ever, un excellent titre sur le thème du rêve, les différents états de conscience, avec une très belle composition. Un magnifique "break", des guitares de haute volée au premier plan et ça chauffe. L'intensité et l'intérêt sont maintenus de bout en bout.
Comfortable est un morceau à la dynamique musicale tout en ruptures, ce qui conduit vers la fin à une fausse piste laissant croire que le morceau est terminé. Rapport à la religion, bonne conscience sont au menu des paroles, une histoire comme Hammill aime à les raconter. Un joli break très percussif (qui sonne bien années 80) et, à retenir, un morceau souvent joué en public par Hammill magnifiquement, au point de constituer en plusieurs occasions le point d'orgue du concert.

Et... Patient (qui récompense l'auditeur qui a attendu jusque là) se présente pour clôturer l'album.

Si je ne craignais pas de me répéter, je dirais qu'on tient certainement là le sommet de la montagne "hymalhammillienne" du début des années 80. Et ce dans un album où il y a DEJA l'étincelant Traintime !
Petits pickings de guitare pour installer une ambiance étrange, faussement calme, des paroles où l'on sent que tout ne va si bien, sans qu'on sache précisément de quoi il est question (est-on dans une clinique pour une cure de repos, ou serait-ce un asile psychiatrique ?)...
A moins qu'Hammill ne propose une allégorie de la vie dans toutes ses dimensions. La vie dont la destination finale, l'issue est connue de nous, mortels, à l'avance. Et nous devons vivre avec. Ainsi nous serions à la fois "patients" car nous attendons cette issue, quelle que soit la manière dont nous nous y employons, dans une vie qui n'est que l'antichambre de la mort... Et patients nous serions aussi car soumis à une cure, une expérimentation orchestrée par on ne sait qui, un possible Dieu dont les motifs sont plutôt sombres... Impossible de savoir, de trancher... C'est justement cette suggestion, cette narration vague et implicite qui crée un malaise diffus qui ne vous lâche pas... Jusqu'aux cris hallucinés "Waiting For The Doctor To Come" avec des guitares à vous projeter contre le mur de la cellule capitonnée !
Fantastique et inclassable. N'écoutez pas ça à fond chez vous sans prévenir, car les sirènes pourraient débarquer !

C'est un Hammill en pleine possession de sa "folie maîtrisée" qui nous propose là l'une de ses 10 meilleures compositions. Son art du songwriting y touche la perfection. 

Vous aurez compris que cet album, qui constitue en quelque sorte une forme de synthèse de la première partie de l'oeuvre de Peter Hammill, n'est pas important.
Non, il est EXTRAORDINAIRE ...
et à ce titre il est absolument indispensable.

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