Hauts ? (side 2)

Je poursuis mes réflexions comme promis. Suite du billet du 28 janvier.
Idéaux -2...le retour ! Les hauts 2 ! O2, oxygène... Registre plus individuel donc. Allez, hop !* * * baissez le son !

J'ai eu, tout petit, la chance d'avoir la malchance de vivre dans une cellule familiale qui n'a pas très bien fonctionné longtemps. Mais j'ai (nous avons - avec mes deux soeurs) été protégé(s). Merci maman.
Parfois on s'aperçoit que son papa s'appelle comme ça, mais n'en est pas vraiment un, quand on voit les autres papas avec les autres enfants surtout.
Pas de méprise, c'est d'absence, d'incapacité à s'investir, et surtout d'instabilité relationnelle dont je parle ici.
Il n'y a jamais eu autre chose qu'un certain vide - hélas - ce qui, pour les enfants, entraîne des manques pour certains repères. Ce qui est surprenant aussi, c'est lorsqu' enfant, on s'aperçoit que la "norme", en fait, c'est pas à la maison !
Bref, ça peut faire un choc.
Même si tout ça d'ailleurs est souvent confus, on note des choses étranges, mais -enfant- on n'a pas le décodeur... On reste troublé. Devant cette situation, en ce sens, j'ai appris assez rapidement à faire tout seul. A m'auto-construire !
Ce fut ma chance.
C'est sans doute ma limite.

Et il est évident - je le mesure aujourd'hui - que ce fut un avantage en quelque sorte de ne pas avoir de modèle paternel prégnant, de cadre trop contraignant, même si ma maman a assuré. Cela aurait pu être vraiment difficile. J'ai le sentiment d'avoir traversé ces choses - qui sont malheureusement le lot de nombreuses familles - en m'en étant sorti au mieux.

Le désavantage, c'est qu'il y des souvenirs des relations père/fils que je n'aurai jamais. Et pour cause.

Et depuis, quand est venu "mon tour" d'être papa, j'ai eu trois filles !  Ouf ! 

Je n'ai pas vraiment reproduit de schémas, j'ai certainement eu la chance de rencontrer aussi les bonnes personnes, de saisir quelques opportunités (car il faut aussi se positionner, se déterminer quand même !) et, aujourd'hui chose essentielle, fondamentale, j'ai la chance d'avoir une vie de famille qui nous satisfait sur le fond et sur la forme.

J'ai toujours été calme et posé, réfléchi comme on dit et c'était marqué dans mes bulletins à l'école ! 
Révélateur d'un tempérament certes mais aussi d'une réserve et d'une prudence peut-être pas sans rapport avec la situation évoquée plus haut...
J'ai aussi développé un vrai goût pour l'absurde et la dérision, un humour décalé qui m'a fait office d'une belle armure au début. Je vous rassure, maintenant ça va !
J'ai donc pu aller défricher des terres inconnues du milieu familial au moins sur le plan des idées, puisque je me suis  démarqué assez vite à la fois d'un conservatisme ambiant, d'un certain apolitisme (qui est de droite comme vous le savez !) et d'un certain sentiment religieux. Gentiment mais fermement, j'ai envoyé tout ça ballader.

Mes idéaux, d'une certaine manière, je suis allé les chercher du côté des valeurs dont je me sentais proche un peu confusément, sans avoir à me conformer à quoi que ce soit. Mais j'ai gardé mon côté bon élève, pas de crises, pas d'affrontements, juste une détermination à penser par moi-même, en particulier, avec - sourire intérieur - toutes les limites et les mirages que cela peut comporter.
Je n'ai jamais été "politisé" outrancièrement jusqu'à en être dogmatique. La logique des "camps" ne m'a pas passionné longtemps. Mais je suis constant sur des valeurs humaines et humanitaires indispensables.
Et certaines incohérences et injustices (dans les discours, dans les actions) me restent sur l'estomac.   

J'ai gardé je pense une curiosité, un goût de la découverte qui - au moins sur le plan professionnel et sur certains plans personnels comme mon rapport à la culture - me poussent à aller voir ailleurs, à chercher, à apprendre...
J'ai vraiment du mal avec le prévisible, le prémâché, et je sais que je suis chiant avec ça.

Mais sur ce point, je distingue le côté strictement individuel, où je me débrouille avec, et un côté plus collectif, sur lequel j'ai fait beaucoup de progrès, parce que j'ai mesuré l'importance que j'attache au partage.
Pour ça, les enfants, à l'école comme à la maison, ça transforme ou ça aide à prendre conscience, à faire émerger.

Mes exigences personnelles me regardent finalement, je l'ai appris et je n'ai pas à les infliger aux autres, et à un moment, j'aurais pu dériver en voulant que ça passe comme je l'entendais.

L'important aujourd'hui, si l'on remet tout ça en perspective par rapport à des rêves ou des idéaux puisque c'était la question de départ, c'est pouvoir se regarder sans rougir dans la glace le matin. J'y pense même sans me raser :)

Honnêteté de fond, pas de tricherie, et surtout pas d'auto-apitoiement ni d'auto-congratulation.   
Je me méfie comme de la peste du petit nuage qui vous grise et peut vous doter d'un melon à ne plus passer les portes.

...à suivre   

Comments

[K]

Gilles > Pas mal vu, je dirais ! Cela me donne quelques indices sur ma capacité à écrire quelque chose où je me fais comprendre !

[Gilles Aitte]

J'aime bien aussi, j'y trouve quelqu'un en devenir, ce qui ne veut pas dire inachevé, ni insatisfait, mais conscient de sa non finitude et qui ne se contente pas de ce qu'il est ni de ce qu'il a été, mais accorde de l'importance à ce qu'il sera. J'sais pas si je suis clair en fait…

[K]

Anne > Merci, et la suite c'est la semaine prochaine ! Bon week-end !

[Anne]

J'aime bien ce début d'auto portrait, autant sur le fond que sur la forme...