Nadir's Big chance - cd
Peter Hammill – 1975
Les
étiquettes me fatiguent.
On a collé sur cet album l’étiquette « pré-punk » car il aurait anticipé
le mouvement, Johnny Rotten lui-même (parmi d’autres) ayant cité cet album -et
Hammill- comme une influence.
Je pense que ce rapprochement est acceptable si on
parle de l’esprit, de l’attitude, des guitares, d'une certaine rage ou énergie,
si l’on parle aussi de la production, rugueuse, sans fioritures, loin, très
loin des arpèges délicats et seulement jolis, car vides et gratuits, des futurs
dinosaures du « prog » (les Yes, Genesis, ELP et compagnie...)
Aucune
complaisance, une charge contre le système de l’industrie du disque évidente,
d’accord aussi.
Mais
ce n’est pas que cela : les thèmes abordés sont diversifiés et riches,
simples mais forts, les formats des morceaux plus courts indiquent un
changement si l'on considère au moins les 2 albums précédents (Silent Corner, In camera), ce qui donne de l’intensité et marque une volonté de ne pas répéter
indéfiniment une "formule".
On est quand même là fort loin du simplisme punk. Car,
clairement, ce qui gêne dans cette étiquette c'est qu'elle risque de faire passer à côté de ces chansons, ce qui serait dommage car elles n’ont
rien à voir avec le punk. Il y a des textes magnifiques, et cet
album contient certaines des plus belles
chansons de Hammill.
Banton,
Evans, Jackson sont là.
Quelques mois avant le « retour » de VdGG,
avant un somptueux Godbluff…(mais ce sera une autre chronique !)
Comme
il l’explique dans les notes de pochette doucettement "schizo", Hammill assume et
endosse la tunique de Rikki Nadir, son alter-ego de 16 ans qui l'aurait visité et, bien sûr, si le
mot « punk » apparaît parmi d’autres pour décrire l’esprit des
chansons, ce n’est pas le seul, et surtout le disque est présenté comme une
expérience mentale au cours de laquelle PH se serait transmuté en Rikki Nadir,
une stratocaster bleue serait apparue, 3 accords et nous voilà partis !
Chansons énergiques, guitares et sax à l'appui, certes mais aussi ballades (Pompei, Shingle song, Airport) des chansons d’amour, frappées de mélancolie, avec les regrets et la douleur de la rupture,toutes empreintes d'un romantisme qui ne sombre jamais dans la mièvrerie ou l'auto-apitoiement.
Les titres avec, pour certains, quelques extraits des "lyrics"...
I've been hanging around, waiting for my chance
to tell you what I think about the music that's gone
down
to which you madly danced - frankly, you know that it
stinks.
.../...
Smash the system with the song!
2. The Institute of Mental
Health, Burning
3. Open Your Eyes
4. Nobody's Business
5. Been Alone so Long
Been alone so long
that I've forgotten what it's like
to feel somebody next to me
and hear her breathing peacefully
when I wake up at night.
6. Pompeii
7. Shingle Song
Une
magnifique version en fut livrée en 1999 à Nancy en duo avec Stuart Gordon.Chanson
éternelle.
You can see in the last light that's graced as dawn
that there's nothing in my heart but pain
as I stand, facing sea, knowing that you're gone...
all the elements rage to explain
that I should really be on my way
but there is something
which ensures I must stay.
Beneath the roar of the seething surf,
beneath the caterwaul of scattered call wind
thoughts and gestures unspoken, unheard
and now the dance of rapture begins
as the waves rush along across the beach -
like you, like your love
forever out of reach.
Look at the sky, but it's empty now;
look at the sea, it holds nothing but despair.
I raise my eyes, but my head stays bowed...
I look to my side, but you're not there.
And I can't get you out of my mind,
no, no, no, no, I just can't get you from my mind.
8. Airport
9. People You Were Going to
10. Birthday Special
11. Two or Three Spectres
Frankly, most musicians bore me - but not as much as
those
who chase the glory to bask in reflected light,
making the man much more important
than his arpeggios and mordants,
when it's the other way
that's right
Un très bon album, en conclusion, direct, diversifié et qui vaut INDISCUTABLEMENT beaucoup plus que certains fans coincés dans le prog-rock veulent bien en dire.