québec
Magnifique poète québécois.
Gaston Miron.
Exemples.
PARIS
Dans les lointains de ma rencontre des hommes * * * AU SORTIR DU LABYRINTHE
le cœur serré comme les maisons d’Europe
avec les maigres mots frileux de mes héritages
avec la pauvreté natale de ma pensée rocheuse
j’avance en poésie comme un cheval de trait
tel celui-là de jadis dans les labours de fond
qui avait l’oreille dressée à se saisir réel
les frais matins d’été dans les mondes brumeux
(Gaston Miron, « J’avance en poésie », in L'homme rapaillé)
Quand détresse et désarroi et déchirure
te larguent en la brume et la peur
lorsque tu es seule enveloppée de chagrins
dans un monde décollé de la rétine
alors ta souffrance à la mienne s’amarre, et pareils
me traversent les déserts de blancheur aiguë
Tu es mon amour dans l’empan de ma vie
ces temps nôtres sont durs parmi les nôtres
je tiens bon le temps je tiens bon l’espérance
et dans cet espace qui nous désassemble
je brillerai plus noir que ta nuit noire
Ce qu’aujourd’hui tu aimes et que j’aime
comme hier habitée toujours tu m’aimeras
comme désormais désertée je t’aimerai encore
il nous appartient de tout temps à jamais
ma naufragée dans un autre monde du monde
Je ne mourrai plus avec toi
à la croisée de nous deux
(Gaston Miron, « Poèmes de l’amour en sursis » in L’homme rapaillé)