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K2
16 mars 2010

the ghost writer

ghost_1

Vu et apprécié la semaine dernière, le nouveau film de Roman Polanski est réussi.
Une histoire qui tient debout, une distribution excellente avec mention spéciale à Ewan McGregor et Olivia Williams, et enfin une très bonne mise en scène.

Pour situer rapidement, un "ghost writer" signifie écrivain fantôme, très belle image à mon sens, c'est ce que nous appelons en français un nègre en littérature. Un éditeur londonien charge McGregor de reprendre en main, corriger, arranger les mémoires d'un homme politique de premier plan, ex-premier ministre britannique. Celui-ci vit désormais sur une île sur la côte Est des Etats-Unis, avec sa femme et son "staff" incluant une cellule de sécurité que vous imaginez aisément pour un personnage de cette importance.

Je n'ai nullement "eu besoin" de référer à l'actualité de Polanski, de voir Tony Blair derrière Adam Lang : absolument inutile, ça n'apporte rien, le film s'en passe aisément.

Alors...

Why me ? demande McGregor à ces solliciteurs qui lui apprennent alors que le précédent nègre s'est semble-t-il suicidé. Il accepte pour 250 000 dollars.

Et ça va pas tarder à se compliquer... Le suspense s'installe autour de zones d'ombres que décèle McGregor assez vite, et l'on sait que tout cela va certainement mal finir mais on ne sait pas comment, et ce que sera le lot de chacun. 

J'ai apprécié que les choses soient filmées directement, un peu "à plat", sans laisser penser par un quelconque effet tarabiscoté ou clin d'oeil trop appuyé qu'on manipulait du symbole par brouettes entières.

Non c'est le montage, certains cadrages,le champ/hors champ qui construisent peu à peu l'ensemble. Polanski, parce que c'est Polanski, reste constamment subtil, et si interrogations et suspense il y a, cela s'articule avec la prise de conscience progressive du héros que quelque chose ne va pas, qu'il est sans doute engagé dans quelque chose qui est complexe et dangereux. Toute l'atmosphère du film tient dans cette inquiétude, que l'on suit et voit émerger pas à pas avec le ghostwriter, cette "intranquillité" qui se traduit aussi par l'instabilité ou l'impermanence des lieux "de passage" (ferry, île battue par le vent, chambre d'hôtel glauque, la rue à Londres plutôt inhospitalière,...).

Il y a bel et bien une mise en scène au service de la narration qui sait consacrer le temps juste aux différents moments de l'histoire, sans s'appesantir sur des points qui ne sont pas essentiels. Il y a ainsi de superbes images (comme celle qui illustre ce billet) tout au long du film, les séquences sur l'île, que ce soit sur la plage, autour et dans la maison avec ses baies vitrées sont remarquables. Le vent tourbillonne, rien n'est jamais vraiment calme ou posé, ça bouillonne. Quelques rafales ou bouffées d'absurde sont même furtivement évoquées par cette brouette de feuilles mortes qu'un homme d'entretien s'acharne à remplir obstinément par grand vent !

McGregor cherche à savoir, à comprendre, ne renonce pas et reprend certaines pistes découvertes par son prédécesseur. Son avancée, son parcours semblent inéluctablement lui lier les pieds et les poings, véritable rat de laboratoire dans un labyrinthe, comme s'il s'engouffait dans un goulot d'étranglement dont il ne pourra finalement ressortir. Cette quête un peu éperdue le renvoie à sa propre situation : qu'a-t-il à "sauver" ? En vérité, rien, absolument rien. C'est pour cela qu'il ira donc jusqu'au bout.

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K2
  • description courte (d.c) déconnologie combinatoire (d.c) discontinuité contradictoire (d.c) définition compliquée (d.c) distorsion cohérente (d.c) dispositif caustique (d.c) discrète concision (d.c) double-cloison (d.c) diverses chroniques (d.c)
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