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K2
7 mars 2010

Shutter Island

Teddy Daniels et Chuck Aule sont deux agents fédéraux en route vers une île inhospitalière (forcément !) et située au large de Boston où ils vont enquêter sur une patiente mystérieusement disparue.

shutter_1

                    Kingley            Di Caprio         Ruffalo


Le film démarre sur des bases flottantes, et pour cause : on est sur un bateau qui déchire la brume, en une très belle image, une entrée prometteuse. On sent qu’on pénètre avec eux dans un univers clos et instable, l’île, l’asile, les patients, les responsables, tout est forcément sujet à caution, à vérifier, relatif. Le doute, l’ambiguïté règnent en maîtres.


Et vite, il va être très difficile d’échapper à l’imagerie et aux clichés du lieu (falaises, vagues, vent, phare) et au décor des années 50 : c’est voulu -très certainement- mais bon sang que c’est surligné ! C'est la première alerte, grosse musique qui cogne: peu suggestif, trop explicite, ce sera permanent, hélas, à mon goût. Donc dur de s'en remettre. Et ce qui sera vraiment réussi dans le film sera pour moi le côté labyrinthique des déambulations.

Pour le reste, et sans dévoiler l'histoire, est-ce que ça «fonctionne» comme film ?

Pas vraiment... L’ensemble m’a laissé froid, un peu interdit, mais ce n’est pas parce qu’il m’a paralysé de peur ou d’effroi. Même pas peur ! Ce qui est plus surprenant c’est qu’il m’a fallu m’accrocher pour ne pas sombrer, pour m’intéresser au film jusqu'au bout. Il ne manquait pourtant aucun bouton de guêtre, et comme Scorsese n'a pas rechigné question «effets », les chocs s’accumulent, mais malheureusement ils ne « rebondissent » pas.

Non, il y a comme un problème de dynamique, un échec dans la montée en puissance ...

De multiples citations ou références notamment cinéphiliques viennent chatouiller notre intellect, des clins d’oeil à d’autres cinémas Fuller, Hitchcock, ou même Lynch éventuellement. Mais l’ensemble peine à faire sens, échoue à former un réseau ou un tissu un peu dense et cohérent, une trame qui resterait libre et ouverte à l’interprétation.

Tout ça tombe quand même pas mal à plat.

Démonstratif, puissant mais complètement inadapté et inefficace.


Alors bien sûr, on pourrait dire que j'étais désavantagé puisque je connaissais déjà l'histoire : roman lu et apprécié il y a 4/5 ans, adaptation BD lue également il y a 2 ans à peu près, c'est d'ailleurs une réussite.


Je me suis donc attaché (beaucoup) au traitement, à l'adaptation... Que je trouve vraiment très moyens. Des longueurs quand même, des moments d'ennui que j'ai déjà évoqués, une musique tout sauf réussie, des surlignages nombreux...

Le plus terrible c'est quand même Dachau, c'est très très mauvais.

Et ne parlons pas de la fin, avec un flashback au bord du lac qui est absolument inutile (on avait compris !) et qui en plus "casse" la conclusion, lui faisant perdre toute sa force potentielle.


Voilà, j'attendais un "petit plus" de la part de Scorsese quand même, mais c'est peut-être un contresens de ma part, au vu de son cinéma depuis une dizaine d'années...

Là on a quand même une grosse machine, ça manque énormément de subtilité, d'autant plus qu'à mon avis, le sujet était suffisamment fort en lui-même.

Cela me conduit à penser que Scorsese n'était sans doute pas - en raison de son style, de sa manière - le plus à même de mener à bien cette affaire, avec son enthousiasme peut-être mais aussi ses gros sabots.

Dommage, car dans un film plutôt "mental", tout ne devait pas forcément être donné à voir, comme le fait Scorsese aux commandes de son Boeing. Il n'a pas su mettre en scène l'indicible et l'invisible.

Je ne dirai rien sur Di Caprio, dont je persiste à penser simultanément qu'il se bonifie progressivement et que Scorsese lui donne à joue des rôles pour lesquels il peine, dans celui-ci par exemple, il a quand même tendance à grimacer... Bref, pas d'empathie.

Sinon, la distribution est plutôt solide avec les chevronnés Kingsley et Von Sydow, un très bon Mark Ruffalo et Patricia Clarkson que j'apprécie toujours beaucoup.

Certains patients interrogés au début sont pas mal, d'autres personnages sont plus anecdotiques ou même ...fades (l'épouse).


En conclusion, à voir si on ne connaît rien à l'histoire, si on n'a pas lu le roman: cela me semble parfaitement jouable et divertissant.

Dans tous les autres cas, à éviter.

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Commentaires
K
Wilyrah > Merci , mais suis-je si sensé que ça :))<br /> <br /> J'aime beaucoup Scorsese et bien d'autres, mais de là à me prosterner alors que je n'apprécie pas, je ne vois pas vraiment l'intérêt. A plus tard...
K
Raphaelle > Un temps pour tout,oui ! Nous quand on avait nos filles petites c'est sûr qu'on allait beaucoup moins au ciné ;)
W
Je partage cet avis et suis content que des personnes sensées me rejoignent quand je dis que ce Shutter Island est poussif voire assez plat. Une belle déception mais il paraît presque outrageant de le dire tellement Scorsese est un maître pour certains (dont je ne fais pas partie). <br /> Belle argumentation en tout cas. Bonne continuation.<br /> Amicalement<br /> Wilyrah
R
J'allais dire "bon ben j'irai voir autre chose alors". Sauf qu'en fait, j'ai pas le temps d'aller au cinéma (et j'ai tellement de films en retard). Le problème est réglé !
K2
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