limites

Le nouveau film de Jim Jarmusch, The Limits of Control, semble vouloir se démarquer de son film précédent Broken Flowers et revient à un genre qu'on pourrait qualifier de "road-movie" à la trame policière.

N'en déduisez pas pour autant qu'on a un super film d'action, avec tous les codes du genre !

C'est plus, de ce que j'en ai perçu et apprécié, un film de solitude et d'errance, de déambulation autour de l'ennui et du silence.

Il se présente comme un puzzle et un jeu de pistes qui va de Madrid à Almeria, en passant par  Séville. Les scènes en mouvement, le héros dans ses déplacements à pied ou ses trajets en train, sont magnifiquement filmées. On se sait pas quelle mission il doit accomplir, on perçoit rapidement qu'on n'est pas exactement dans la légalité, mais on ne saura rien du pourquoi, juste quelques bribes du comment et encore moins du qui.

The Limits est basé (et joue) sur des rituels et des codes pour établir les contacts, faire passer l'information. Les conversations entre l'agent et les contacts portent successivement sur l’art, le cinéma ou la peinture, la science et l'on voit bien que tout cela est un peu à double-fond, Jarmusch s'amuse, nous adresse quelques clins d'oeil... De même qu'il joue avec nous en ne révélant rien, en prenant son temps, délibérément. Le souci n'est certes pas le réalisme, les révélations, l'énigme. 

J'ai apprécié que le film, à mesure que son héros progresse,  s'épure, laisse de côté le superflu en rejoignant un paysage sec, désertique. Impavide, imperturbable, Isaach de Bankolé traverse le film avec classe, au fil des rencontres, impeccable de détermination, centré intérieurement sur sa tâche. Les autres acteurs sont très bons aussi, ils n'ont chacun qu'un court moment pour nous embarquer. Tilda Swindon est parfaite.

Ludique, sans prétention, assumant des facilités ou des légèretés, le film est baigné d'une bande son électro-atmosphérique particulièrement réussie, notamment lorsque Bankolé revient régulièrement au musée admirer quelques oeuvres non figuratives dont il semble s'imprégner ou s'inspirer, oeuvres symboles possibles d'espaces de liberté individuelle.