[europa djaz]

Bonne soirée de jazz vendredi 11 mai au Mans, à l'Abbaye de l'Epau (site remarquable soit dit en passant) où trois formations nous ont proposé un progamme contrasté musicalement.

Le trio néerlandais Braam (piano) De Joode ( contrebasse) Vatcher ( batterie) nous a emportés vers des paysages sonores variés. Une palette étendue, du jazz résolument moderne, prenant appui dans un premier temps sur des thèmes forts amenés par le piano. Contrebasse et surtout batterie tissaient ensuite un réseau rythmique serré qui reliait comme des passerelles les ilots mélodiques joués "intimistes" par le piano. Beaucoup d'inventivité et de fraîcheur, pas de dogmatisme, un trio qui ne refuse rien et pour moi un batteur fantastique improvisant en permanence. Excellent. Belle découverte !

   

Le quartet de Vincent Courtois m'a moins accroché. Les musiciens Marc Baron (sax) et François Merville (batterie) sont un vrai régal par leur approche, certes. Vincent Courtois est un violoncelliste qu'on ne présente plus Je ne citerai que ses collaborations remarquables avec Louis Sclavis en particulier sur Napoli's Walls. Jeanne Added (voix et violoncelle) ne m'a pas convaincu. Très belle voix, chanteuse ayant suivi une formation classique, là n'est pas la question.

Les morceaux joués étaient assez prévisibles dans leur construction avec des alternances trop systématiques tempo rapide délire électro-bruitiste et tempo lent plus mélodique, parfois modal. De très belles idées ceci dit sur le violoncelle parfois heavy, le sax bien traité électroniquement et beaucoup d'humour (oui !) dans le jeu de batterie de Merville. La place et l'utilisation de la voix étaient par contre trop convenue et cela m'a rappelé trop de choses déjà entendues chez Soft Machine ou Julie Tippett par exemple. Bilan inégal donc, avec de superbes moments malgré tout.

Je suis sûr que le quartet est en devenir, car il a un vrai potentiel. Mais c'est à mon sens encore trop englué dans les références. Souhaitons qu'il s'en libère.

3e partie Carla Bley en quintet avec Paolo Fresu (trompette/bugle), Andy Shepperd (sax) Steve Swallow (basse) Ray Drummond ( batterie) et Carla Bley donc (piano et compositions).

Changement de registre et de génération musicalement avec des compositions très écrites, des thèmes magnifiques sur des rythmes beaucoup plus soft, plus calmes et une ambiance générale plus acoustique évidemment.

Une prestation en "demi-teinte" sur la première partie où le quintet a joué une suite d'une quarantaine de minutes qui n'est sans doute pas - à mon avis - ce que Carla Bley a composé de plus enthousiasmant. La deuxième partie fut plus libérée, rythmée et passionnante comme si le groupe s'échappait enfin un peu de ce format contraignant joué en introduction. Les morceaux choisis y contribuèrent aussi. Et c'est notamment le duo Shepperd/Fresu qui emmena alors le quintet par des dialogues et une complicité musicale qui furent un vrai régal. Et n'oublions pas  les thèmes aux mélodies immanquables de beauté, l'empreinte de grande compositrice de Carla Bley, par ailleur leader modeste ne tirant jamais la couverture à elle...

Ce fut une douce manière de conclure la soirée, classiquement certes, avec beaucoup de finesse dans l'interprétation et les compositions, en confiance, entre amis...